mercredi 22 août 2012

Eye of the Tiger

"Tiens maman. J'aimerais écouter ça."

Dans les mains de Loulou, un gros vinyle noir de Survivor. Avec un tigre énorme dessus.

Ça, ça s'appelle les joies d'amener tes enfants au travail parce que le camp de jour est fini.
Ça s'appelle "Fiston découvre les vinyles"parce que dans ton bureau, t'as une pile grosse de même de vinyles qui n'attendent qu'à être entendus.

Ça s'appelle "Loulou découvre les joies de passer rapidement de 33 tours à 45 tours en pesant sur un piton"

Ça s'appelle "Eye of the Tiger" version Chipmunks.

Ça fini par une maman et ses deux tits-gars crampés comme des retards.


jeudi 14 juin 2012

Ah! ces homonymes...

Arno m'a fait ce beau dragon avec des feutres qui sentent bons. 

Il me le fait savoir avec son indication à l'impératif: "Sens, maman." (Comme dans "Sens le dessin maman! Pleazzzze! Tu vas voir, c'est awesome!")

Mais la loi des homonymes vient foutre le bordel. 
Oupsy! :)




"J'aimerais être une panthère. Comme ça, on ne me verrait pas dans le noir et je pourrais voler des biscuits la nuit." 

- Loulou


Claquer la porte

"Salut, moi c'est Pré-adolescence. Je vais tranquillement prendre possession de ton ainé le temps que Adolescence vienne puncher pour son shift."

Pas enchantée.

Réponses bêtes, yeux qui r'virent dans leurs orbites devant mes ordres, soupirs: les symptômes sont là. Mon chaton se mute lentement en matou.

Et pis on se pogne pour des gnaiseries. Ehlala.

Mais Chaton reste Chaton. Un tit-gars geek jusqu'à la racine des ch'veux.

Fou de rage après une discussion musclée, il est monté dans sa chambre, a claqué la porte de sa chambre.

Il a poussé la stéréo dans le tapis.

C'est ça qui est parvenu à mes oreilles:



J'ai souri.
On était loin d'une toune de Guns N Roses.

On s'est rabiboché.

mardi 24 avril 2012

Mon merle a perdu sa vie


Toc.

Un merle d'Amérique, con comme la lune, s'élance vers la fenêtre du salon.

Toc.

Il retourne sur la rampe de la galerie. Revient à la charge.

Toc.

La fenêtre se tapisse tranquillement de la saleté de ses pattes, de la saleté de ses ailes qui frôlent le verre à chaque fois.

Toc.

Bientôt, c'est de l'art abstrait fait à coup de merle qui s'étale sur la fenêtre du salon.

Toc.

Je m'approche de la fenêtre et fait un danse de St-Guy, pour le chasser je suppose.

Toc.

Il revient à la charge, dans la fenêtre de la cuisine.

Je suis chez ma mère. Je la zieute. Elle a le regard vide de quelqu'un qui couvre une dépression.

"Ça fait une semaine qu'il fait ça. J'en peux plus d'entendre ça. Il me réveille à 5h du mat en s'élançant dans mes fenêtres. Ma maison est toute cochonnée."

Moi j'aime bien le mot "cochonner".

Toc.

"J'ai mis des journaux dans mes fenêtres en début de semaine pour qu'il arrête de voir son reflet. Quand je suis revenue du travail, il les avait tout arraché. Je sais plus quoi faire."

Toc.

"Je suis après virer folle..."

Toc.

Je pense à 6 feet under. Quand y'a un oiseau qui cogne dans les fenêtres pendant une triste fête où on entend du Arcade Fire en playback. L'oiseau réussi par entrer deux fois dans la maison. Nat fini par le tuer. Et ça se termine TRÈS mal ensuite.

Toc.

Présage de malheur?

Toc.

Je ne crois pas. On est en pleine saison des ruts. Si ça se trouve, ce con de merle est en train de se cruiser lui-même. C'est le Narcisse des merles d'Amérique.

Toc.

Ma mère m'a appris à respecter le règne animal. À l'aimer. À le protéger.
Quand j'étais petite, on allait prendre des marches dans les bois derrière la maison. Et quand on tombait sur des monts de pommes à chevreuil laissées par des chasseurs, ma mère nous intimait l'ordre de faire pipi dessus. "Les chevreuils viendront pas ici si ça sens l'humain." On pissait alors allègrement, en espérant sauver la vie des cervidés.

Toc.

Aujourd'hui, ma mère et son air de dépression ont téléphoné à mon père et à sa carabine.

Toc.

La carabine de mon père sert principalement à tirer les écureuils qui foutent le bordel dans les tubulures de son érablière. Moi je suis plutôt contre ça, les écureuils morts. J'veux dire, sont chez eux, les écureuils. C'est toi, Papa, qui fout le bordel dans leurs maisons avec tes tubulures.

Toc.

Le merle vise la fenêtre, une dernière fois.

BANG.

Il s'envole vers les cèdres près de la maison.

BANG.

Il tombe, raide mort dans les buissons.
Mon père l'a tiré en plein coeur.
Y'a pas à dire, tu vises bien, Papa.

Mon père se dirige vers le volatile inerte. Le prend par le bout de l'aile droite. Il le soulève vers nous, pour nous montrer que le calvaire de ma mère vient de prendre fin.

Ma mère s'écroule dans mes bras.

"Je suis TELLEMENT soulagée! J'ÉTAIS PUS CAPABLE."

Puis, marmonne dans le creux de mon cou: "C'est bien la première fois que la mort d'une bête me fait plaisir..."





jeudi 19 avril 2012

Une histoire triste

 Mariane, c'est pour toi. Je t'avertis par exemple, c'est une histoire triste.

...........................

"Mon père est mort cette nuit."

C'était presque l'incipit de L'Étranger de Camus: Aujourd'hui, maman est morte.

Sauf que c'était pour vrai de vrai et que ça sortait de la bouche du meilleur ami d'Arno.

Il l'a dit en zieutant mon plancher, en grimpant maladroitement sur mon fauteuil. Il avait un genre de sourire malaisé. La face de quelqu'un qui sait pas trop comment dealer avec ça.

J'ai passé ma main dans son épaisse crinière blonde.

"Pis j'ai juste 9 ans."

Le papa de JD était en chaise roulante. Une fois, j'ai voulu savoir les causes de son état, mais JD m'a répondu sèchement qu'il n'en savait rien. Je n'ai pas insisté.

JD avait déjà fait le deuil d'un papa à quatre pattes qui joue les poneys pour lui. Le deuil d'un papa qui amène fièrement fiston à son travail. Le deuil d'un papa qui coure pour faire voler un cerf-volant.

Un nouveau deuil à faire pour JD.

Le lendemain, petit bonhomme est venu passer la journée à la maison. J'ai délesté sa maman, débordée par les centaines de choses à faire lorsque la mort débarque avec ses grands sabots.

Les gars ont joué à être des gars, par un samedi plein de soleil. Jeux vidéos, se prendre pour des chevaliers, faire des légos, aller au parc en vélo, rire, manger des popcycles au raisin, engueuler le p'tit frère qui suit partout.

Sa maman est venue le chercher vers 16h.

JD a enfilé ses souliers. Des souliers plein de trous, qui bouffent des camions. Sa maman s'est penchée vers eux. On va aller t'acheter des souliers.

Une crise.

Une grosse crise pas belle.

Dehors, j'entendais JD pleurer et crier avec fougue. J'ai regardé par la fenêtre.

JD était assis par terre, au beau milieu de mon allée. Sa mère dépassée, par les évènements tentait de l'enlacer, de lui faire comprendre que bordel, ce ne sont que des souliers.

Elle a fait ce geste propre aux parents exaspérés. Celui de balancer les bras dans les airs en disant "ben reste là". S'éloigner doucement en espérant que l'enfant suive. Mais JD ne suivait pas.

Et je voyais ce drame à deux niveaux se jouer devant ma maison.
JD pleurait-il vraiment ses souliers?
Je ne crois pas non.

Dans les yeux de sa maman, le découragement.

mardi 24 janvier 2012

Activité

Vous savez, je suis beaucoup plus active ici.

Oh, et c'est de la fiction han. N'allez pas vous imaginez des choses, là.

lundi 28 novembre 2011

Ton absolument magnifique chanson



Longtemps j'ai eu la photo d'un tit-cul dans mon porte-feuilles. Un tit-cul beau d'même avec des fossettes, en salopette, qui souriait. 


Le tit-cul n'était pas juste une photo: il existait tangiblement. Un adorable bébé. Le 
premier pour qui j'ai transformé une cuillère remplie de pablum en avion.


Le tit-cul, c'était le petit frère de ma meilleure amie quand j'avais 14 printemps.
Je garde un merveilleux souvenir de cette époque. Vraiment. C'était le temps où je bleachais trop souvent mes cheveux. Celle où j'ai fait percer mon nez comme une rebelle. Celle où on trippait solide à parler 4 heures en ligne au téléphone avec sa BFF.


Le temps a passé. J'ai perdu ma BFF de vue. J'ai changé de porte-feuilles. La photo du tit-cul est restée dans le vieux.


Avec Facebook, j'ai retrouvé mon ancienne BFF. J'ai retrouvé sa mère. Et sa soeur aussi. Un trio de femmes que j'aimais vraiment beaucoup et pour qui j'ai gardé un attachement profond malgré toutes les années. Des filles de party. Des filles qui rient. Des filles intelligentes. Des filles qui ont mangé de la misère aussi. Le trio se serrait les coudes dans un 5 1/2 pour élever Tit-Cul, arrivé sur le tard.


 Jamais je n'aurai vu la mère de ma BFF comme une mère: c'était une amie. Une grande soeur à la limite.  


Grâce à Facebook, j'ai pu voir des photos du tit-cul. Tit-Cul, à 17 ans. Beau d'même. Encore. Je me suis trouvée ben vieille de le revoir aussi grand. Je ne lui ai pas envoyé de demande d'ami. La fille qui t'a donnée du pablum à 1 an, sérieux, who care?


Puis la semaine dernière, un statut Facebook à faire pleurer. "Repose en paix mon frère. Je t'aime."


Tit-Cul est parti. 


Et ça, c'est incompréhensible.


C'est incompréhensible qu'à 17 ans, un kid ne réalise pas toute la vie qu'il a devant lui. C'est incroyable qu'un kid se dise "non franchement, je ne vois pas. Je ne peux pas".


Trois femmes anéanties. Des amis en deuil. Une famille sous le choc. 


Et même moi, de loin, je ne cesse d'y penser. 


Je pense surtout à sa mère, démolie, qui lance cris du coeur par dessus cris du coeur sur Facebook. Ça arrache les larmes de lire ça... On aurait le goût de la prendre dans nos bras en lui jurant que ce n'est qu'un mauvais rêve.


Donner la vie à un enfant. Pour qu'il se l'enlève 17 ans plus tard... Y'a pas une maman au monde qui devrait avoir à vivre ça. Jamais.


Je talonne mes gars ces temps-ci. Je leur dis que je les aime. Me trouvent gossante. M'en fous.





"Maintenant tu es parti, et on pleure Parce que ça ne te ressemble pas de t'en aller au milieu d'une chanson Ta magnifique chanson. Ton absolument magnifique chanson."


Repose en paix, Tit-Cul...



vendredi 11 novembre 2011

Jour du souvenir


Jour du souvenir aujourd'hui. Je prends la pose pour l'occaz.
Mais pour être franche et pour faire ma parfaite inculte, je ne me souviens pas de grand chose en rapport aux soldats canayiens.

Je me souviens avoir vu des photos troublantes du débarquement de Normandie dans le magazine LIFE.
Je me souviens avoir bu les paroles d'un vétéran dans un reportage Radio-Canadien.
Plus récemment, on se souvient tous des nombreuses images téléjournalistiques nous montrant trop souvent le cercueil d'un soldat du 22e régiment débarquant d'un avion sous le regard en larmes de sa douce et de sa progéniture.

C'est pas mal ça.
La guerre, c'est dégueulasse quand même.

Ce qui me marque le plus, c'est les histoires que mon grand-père me racontait. Non, il n'est pas allé à la guerre, mon papy. Mais il a fait son entraînement militaire. Comme plusieurs papys du Québec.

Je me souviens qu'il était fier. Qu'il se trouvait donc beau dans son bel habit de guerrier. Je me souviens qu'il nous parlait souvent d'un coéquipier de drille qui s'appelait Isapitoski Lalique.

Isapitoski Lalique, c'est un nom qu'aucun des petits-enfants Roberge n'oublieront. Papy disait ce nom aux sonorités qu'on trouvait donc bizarre et il éclatait de rire, en frappant dans ses mains. Sa dent en or prenait alors toute la place dans sa face. On riait avec lui. Parce qu'il était beau quand il riait, Jean-Charles.

Je n'ai pas conservé d'objets appartenant à mon papy. Mais j'ai gardé cette photo, très importante et significative pour moi. C'était sa photo préférée.



Un souvenir impérissable donc, en ce Jour du Souvenir.

jeudi 27 octobre 2011

Long time no see

HEILLE. Fais longtemps han?

Tu t'ennuyais pas toujours?

Ben non tu t'ennuyais pas, tu me suivais là: www.hanilaphotographe.blogspot.com/

Ah! Tu me suis là, mais la photo t'en as sincère rien à glander? Ben là, je te comprends de t'ennuyer. Parce que ici, OU-FE mon ami, c'est pas mal mort.

Des nouvelles de mes gamins? Si tu veux.

Arno me torche au Sudoku. Pour ma défense, je te rappelle qu'aussitôt que je vois des chiffres, je tombe en convulsions. Facke.

Il m'a dit que quand il serait grand, il allait être ingénieur. Et ça, c'est une bonne nouvelle parce que j'aurai besoin de me faire vivre tantôt.

Bah oué. Penses-tu vraiment que j'irai quelque part avec mon bac en études littéraires et culturelles toi chose? Pense pas non.

Arno commence à être dans sa passe: "ma mère j'en ai un peu honte, je suis autonome maintenant". Faut le voir me dire babye en catimini sur le terrain de l'école, en me regardant avec des gros yeux, lorsque je m'époumone de "BYE MON GRAND PASSE UNE BELLE JOURNÉE À L'ÉCOLE".

Loulou de son côté vit son trip Michael Jackson à fond. J'ai droit à tout un tas de chorégraphies, avec Loulou-Zombie qui danse sa vie. Pour vrai, c'est beau.

Je suis sans emploi pour l'instant. J'ai des tits-contrats de photo une fois de temps en temps.
Pour faire beau, je dis que je suis femme au foyer. Je vais à l'heure du conte dans la classe de maternelle de Loulou et je suis à la maison pour accueillir ma marmaille à 2h30. D'un côté capitaliste, je me sens mal de ne pas participer follement aux dépenses, à survivre sur mes primes parentales du gouvernement. D'un autre côté, j'aurais donné mes plus belles barbies pour que ma mère soit à la maison à mon retour de l'école quand j'étais gamine.

Facke je me dis que c'est pas si néfaste au fond.

Les amis de l'Esss?

Hum.

J'ai le petit Vincent une semaine sur deux qui vient déjeuner à la maison. Cette semaine, il était sensé être chez sa maman, mais il n'y avait rien à manger là, alors il est chez son papa.

Le tit-voisin G. a pété la fenêtre de ma remise et il s'est poussé.  Il vient quand même cogner tous les après-midis, vers 4h.

J'ai pas revu la belle Alex dans ma cours depuis que je l'ai engueulé mal-sale quand j'ai réalisé qu'elle éclatait des bouteilles de bière vides sur ma pelouse.

God, it's good to be dans l'Essss!

Pis toi, comment ça va donc?